Un déploiement systématique

 

Ne pas laisser le choix aux foyers de s'équiper ou non, cela semble un peu autoritaire. Et c'est sans doute un bon moyen de susciter des oppositions, d'ailleurs.

 

Des millions de compteurs qui fonctionnent très bien vont être démontés, mis au rebut, plutôt que d'attendre qu'ils arrivent en fin de vie. Certes, ils vont être démantelés et suivre des filières de recyclage, mais à l'heure où l'on parle de « zéro déchet », est-ce bien raisonnable sur le plan environnemental ?

 

 

Un investissement de 5 milliards... à amortir

 

Le coût de la dépose de l'ancien compteur et de la pose du compteur Linky ne sera pas facturé directement aux ménages. Les économies liées à l'optimisation du fonctionnement du réseau suffiront-elles à amortir l'investissement ? Des suppressions de postes d'agents de relève contribueront-elles à ces économies ?

 

Les associations de consommateurs craignent que les gains de productivité ne suffisent pas, et que le coût du compteur soit finalement réintégré dans la facture du consommateur.

 

Autre inquiétude, malgré les dénégations d'ERDF, il semblerait que ces nouveaux compteurs soient nettement plus sensibles que les compteurs actuels aux dépassements de puissance. Obligeant les ménages à souscrire une puissance supérieure... avec à la clé un montant d'abonnement plus élevé.

 

Des associations comme Robin des Toits pointent également la consommation électrique du compteur lui-même, ou encore le risque d'une facturation de la puissance apparente et non de la puissance active (une obscure histoire de cosinus phi, permettant de passer du kW au kVA, peu accessible aux non initiés... et a priori ayant peu d'impact sur des utilisations domestiques – pour les curieux de technique, lien vers une petite vidéo sympa en ligne - nous ne sommes pas des experts et ne garantissons pas l'absolue exactitude scientifique de cette vidéo!).

 

Sur ce point comme sur bon nombre de questions dans ce dossier, une plus grande transparence de la part d'ERDF, en donnant plus de lisibilité sur les conséquences de ce déploiement, contribuerait certainement à lever bon nombre d'inquiétudes, et à décrisper le débat.

 

 

Des inquiétudes pour la santé et la sécurité

 

Les compteurs Linky sont communicants, utilisant successivement deux technologies :

 

  • d'une part, les courants porteurs en ligne, « CPL », du compteur jusqu'au concentrateur de quartier ;

  • d'autre part, la transmission GSM (téléphonie mobile), du concentrateur jusqu'au central unique de gestion

Voir le descriptif sur le site d'ERDF, clic ici

 

 

Entre ERDF qui assure que ces technologies ne présentent absolument aucun danger (et en est tellement convaincu qu'il en assure le déploiement sans même attendre les conclusions de l'étude de l'ANSES en cours sur ce sujet), et des associations qui brandissent le spectre d'une irradiation permanente par un bain d'ondes extrêmement nocif pour la santé et l'environnement, qui croire ?

 

Espérons que les conclusions de l'étude de l'ANSES, prévues pour juin 2016, apporteront des réponses factuelles aux interrogations que se posent aujourd'hui élus et citoyens, citons-en quelques-unes.

 

  • Il semble que l'une des fonctions de Linky, pour lesquelles il a initialement été mis au point, soit la possibilité de délester une partie des appareils d'un logement, afin de limiter la puissance appelée. Dans ce cas d'ailleurs , le bénéfice en matière d'économie d'énergie et d'optimisation de la ressource du réseau semblerait plus évident ! Or pour le moment il n'en est pas fait mention de cette utilisation. Est-ce prévu dans une 2ème phase ?

 

  • Quels effets des fréquences utilisées par les CPL ?

    • Vont-ils seulement du compteur au concentrateur, pénètrent-ils sur les fils à l'intérieur des logements ? La question ne se pose même plus, d'ailleurs, si la fonction « délestage » (cf. ci-dessus) est mise en place.

    • Quels sont les effets des fréquences utilisées :

      • sur les réseaux électriques du logement eux-mêmes ?

      • sur les appareils du logement vétustes ou récents, les applications domotiques ? Des risques d'interférences existent-ils ?

      • sur la santé humaine ?

L'intensité du champ magnétique émis par le compteur serait d'après ERDF équivalente à celle de l'envoi d'un SMS, une fois par jour. Certaines associations précisent que cette transmission se fera en réalité par micro-impulsions, réparties tout au long de la journée, s'ajoutant au cumul de petites expositions quotidiennes, dont les effets sur la santé sont mal connus.

 

  • Où seront positionnés les concentrateurs, chargés de retransmettre les données d'un ensemble de foyers au central national ? Comment chiffrer les émissions quotidiennes associées, et les expositions correspondantes ? Sont-elles comparables à celles d'une antenne-relais de téléphonie, à celles d'un téléphone portable ?

Une attention particulière doit être portée aux personnes électro-sensibles, dont la vie devient très compliquée dans notre environnement urbain baigné d'ondes diverses, et qui sont en quelque sorte des témoins d'expositions qui pourraient passer inaperçues.

 

Par ailleurs, des risques d'incendie auraient été mis en évidence lors des premières expérimentations, et seraient liés à des installations mal faites, par des agents insuffisamment formés des entreprises prestataires. Quelles garanties ERDF demande-t-il aujourd'hui à ses sociétés prestataires pour que les installations soient faites correctement ? Quelle démarche qualité sur ce déploiement ?

 

Quelles que soient les conclusions d'une expertise technique et objective sur les émissions des compteurs Linky, ce débat aura sans doute le mérite de nous amener à nous interroger sur les émissions d'autres appareils que nous avons nous-mêmes choisi d'introduire dans nos maisons, et dont les émissions sont loin d'être négligeables : four à micro-ondes, table à induction, wi-fi, téléphone sans fil, lampe à économie d'énergie, et bien sûr les téléphones portables !

En lien ici, le comparatif réalisé par l'ANFR et le CSTB, repris par ERDF sur son site